Les Superbes : Découvrez le portrait des femmes qui nous inspirent
Charlotte une âme pleine de poésie
Peux-tu te présenter?
Je m’appelle Charlotte, j’ai 42 ans, encore pour quelques mois.
Je vis avec trois garçons : Gregory, dont je suis amoureuse depuis un petit paquet d’années maintenant, et nos deux fils, Andrea et Victor.
J’ai longtemps été journaliste au Point, à Paris. J’ai quitté la rédaction pour me consacrer à l’écriture de fiction. Je suis romancière et scénariste.
J’ai publié deux romans, ‘Parmi les miens’ et ‘Faire corps’ aux éditions Flammarion.
J’ai une grosse capacité à ME raconter des histoires, et donc un grand besoin d’en raconter, un grand besoin de créer. C’est ma manière d’aborder le monde.
Là je suis sur mon troisième roman, depuis un moment déjà. Il faut savoir que je mets beaucoup de temps à écrire des livres, pour X raisons : parce que je ne fais pas que ça, parce que c’est plaisant d’y passer du temps, parce que je pèse chaque mot ou presque. C’est un vrai labeur. Quand je suis dedans ça va, c’est peut-être pour ça que je mets du temps : parce que quand j’écris je suis bien alors que dès que j’en sors je doute.
En fait, écrire est une bonne manière d’être dans le présent, d’être vraiment dans ce que tu fais.
Quand tu sais que ton livre va sortir, est ce que tu doutes encore, est ce que tu as des envies de réécrire certaines choses, ou au contraire est-ce que tu lâches?
Je pense que je lâche. Je doute mais je lâche. On me demande souvent "Quand sais-tu que le livre est fini?" Je pense qu’on ne sait jamais, et qu’il n’est jamais fini. C’est un peu comme pour la vie, il y a toujours plein de versions possibles. Donc il est fini lorsqu’il est édité. Là, tu le lâches parce que tu n’as plus le choix.
Avec "Parmi les miens", j’ai beaucoup aimé faire des lectures musicales après sa sortie, c’était une manière de faire vivre le livre autrement, de continuer à faire résonner les mots d’une autre manière. J’ai fait ces lectures avec Laura Cahen, une artiste que j’adore. C’est une proposition artistique supplémentaire et puis j’aime lire à voix haute parce qu’un livre, ce n’est pas seulement une histoire, c’est aussi et surtout une rythmique.
Comment pourrait-on décrire ton style ?
Alors, on me dit souvent qu’il est cinématographique. Je pense que j’ai une écriture…rude, oui, nerveuse. Et en même temps, j’essaye aussi de travailler des descriptions, des sensations, de prendre le temps. J’aime beaucoup la littérature américaine notamment celle de Jim Harrison, où, ffffff, tu as un souffle et beaucoup d’ampleur et j’aime m’essayer à travailler ça aussi. J’aime cette alternance entre un style un peu nerveux et des passages où tu t’installes, où tu souffles davantage. Je dis rude… mes sujets sont rudes, mais je suis quelqu’un d’assez joyeux quand même, il faut le dire [rires], même si j’ai une grande capacité à pleurer…
Qu’est ce qui t’émeut ?
TOUT ! Je vois le piano, là, pendant qu’on parle…Ma grand-mère est décédée il y a deux ans. Une semaine avant qu’elle meure, on s’est appelées, elle entendait mon fils jouer et elle m’a dit "Il faudra que je te donne les partitions que ton arrière-grand-père composait." Je lui ai dit que les garçons, une fois les partitions déchiffrées, lui feraient un petit concert… Elle est décédée brusquement une semaine plus tard.
On a retrouvé ces partitions sur sa table de chevet avec un petit mot « pour ma petite fille »… Et maintenant Greg et Andrea jouent le morceau – qui, d’ailleurs, s’appelle « A ma chère Charlotte », l’épouse de mon arrière-grand-père. Je trouve super émouvant ce dialogue musical entre générations. Voilà, ça, ça m’émeut : la transmission par-delà le temps qui passe. Je n’ai pas envie de croire que le temps n’est qu’une ligne droite…
C’était quand ton dernier fou rire ?
Ce week-end j’en ai pris beaucoup ! J’ai un mari qui est très drôle, et mes fils le sont aussi (je trouve). J’ai une grande capacité à rire, je suis très joyeuse comme je le disais, même si ça ne se sent pas trop dans ce que j’écris.
Commet décrirais tu une journée dans ta peau ?
C’est la question la plus compliquée ! C’est tout en fluctuations, parce que je peux commencer la journée en étant « yeah je suis le roi du monde » et deux heures plus tard… tout l’inverse. C’est donc très variable, déjà en termes d’émotions. Et j’ai plein d’activités professionnelles différentes, toutes liées à l’écriture, mais très différentes. Je n’ai donc pas de journées types, mais des « perfect day » à la Lou Reed, ça oui !. Après il y a quelques constantes liées aux enfants, à l’écriture et au sport – j’ai besoin d’éprouver mon corps tous les jours.
Quels sports pratiques-tu ?
Un peu de course, de la marche en montagne et du ski de rando. Beaucoup de nage, en piscine ou au lac. Je n’ai pas arrêté le lac cet hiver si ce n’est entre mi-janvier et mi-février, il y avait trop de neige. C’est devenu très addictif ! J’apprécie les bienfaits sur l’esprit. Quand j’en sors, c’est jouissif, j’ai une montée d’endorphine, de dopamine ou de je ne sais quoi, mais c’est vraiment génial.
Avec l’autrice et danseuse Blandine Rinkel, nous avons un jour parlé de la « sensation du couteau », qu’elle évoque dans son dernier livre "Vers la violence". Pour moi, l’eau froide c’est ça. C’est pas pour me sentir vivante ou quelque chose du genre, je me sens vivante sans ça, mais il y a vraiment un truc physique. Parfois c’est fatiguant ce besoin d’éprouver mon corps, j’aimerais pouvoir continuer à écrire, à lire, plutôt que d’aller courir ou nager… mais je ne peux pas faire autrement. C’est comme une bête qu’il faut nourrir !
C’est quoi ton premier geste du matin ?
M’étirer…Et puis selon la saison, je me réveille en même temps que le soleil qui émerge de derrière le Parmelan et qui pointe direct sur mon lit ! A ce moment-là mon premier geste au réveil pourrait être de se laisser caresser par ce premier rayon de soleil.
Et ton dernier geste avant d’aller te coucher?
Quitte à passer pour une dingue je vais le dire : je touche du bois…Plus précisément je touche ma tête puis je touche ma table de chevet qui est en bois. Ça fait 30 ans que je fais ça. J’ai un toc, quoi. Je ne suis pas tellement superstitieuse pourtant même si j’ai quelques gri-gris, dont cette fausse pépite d’or récupérée sur le tournage du clip du groupe Catastrophe auquel j’ai participé. Je la prends avec moi lorsque je dois faire des choses importantes car elle symbolise un jour heureux, où j’ai « osé » - me lâcher, sortir du quotidien… Et sinon je prends une goutte d’huile de CBD pour bien dormir.
On a tous des coups de moins bien, que fais-tu pour te ressourcer?
Je nage, j’éprouve mon corps, j’aime aussi beaucoup danser. J’écris, évidemment. Je prends l’apéro. Et puis j’écoute de la musique.
On arrive à la question suivante ! Quels titres écoutes-tu pour te sentir bien?
Alors, en fait, je ne suis pas sûre que ce soit pour me sentir bien. D’ailleurs, je préfère les mélodies en gamme mineure, plus poignante – je ne suis pas musicienne, hein, c’est mon mec qui m’a fait remarquer ça. J’écoute de la musique plutôt pour ressentir les choses en plus fort, en plus grand. Pour me dire que d’autres que moi ont éprouvé la même chose et l’ont incarné dans un truc qui te fait du bien et que tout le monde peut partager.
Après, tout ce qui peut me faire danser me fait aller mieux. Un morceau en particulier : Cosi Veloce, de Jonathan Richman.
J’imagine que l’on écoute beaucoup de musique chez vous? (les trois garçons de la maison jouent au moins un instrument chacun)
Oui, bien-sûr. Avec mon mec on a à peu près les mêmes goûts, et il me fait découvrir des trucs de dingue ! Je suis assez jalouse parce qu’à chaque fois qu’il lance son Spotify, ses suggestions sont vachement mieux que les miennes, et je ne comprends pas pourquoi !! [rires]
Et mes deux fils… Je trouve que l’accès à la musique est paradoxalement plus compliqué maintenant avec le streaming. Moi petite, j’avais le top 50, MTV, les disquaires (les Anneciens se souviennent-ils de Luce ?). Eux ils n’ont pas la télé et j’ai attendu les 13 ans de mon aîné pour lui offrir un smartphone et donc l’accès direct à Spotify. Il m’a fait découvrir il y a peu un titre cool : Revenge de XXX TENTATION.
C’est quoi ton rituel beauté?
Alors, après avoir dit bonjour à mon mec (j’essaie de me tenir à des vrais « Bonjour » quand j’ouvre les yeux et qu’il est là, dans le lit avec moi, de garder conscience que c’est une chance), laisser le soleil me caresser la joue, et m’être étirée, je prends de l’eau chaude avec du vinaigre de cidre Archie. Après, je ne sais pas vraiment si j’ai des rituels beauté.
Le vrai rituel pour moi c’est de m’offrir des soins chez vous (Maison La Superbe ndlr), autant que possible. Pour moi le vrai rituel beauté est là : quand je vais m’en remettre à des mains expertes, avec un vrai moment, dans un beau lieu. Et le vôtre l’est tellement !
En termes de soin, mon sérum AIME, ma crème DERMALOGICA dynamic skin recovery spf50, et des massages au gua sha et au Ridoki, pour lesquels j’essaye d’être assidue. Et puis The Simple Oil et The Simple Cleanser de AIME, toujours. J’aime beaucoup l’huile, le fait de me masser le visage. Je le fais matin ET soir tellement j’aime ça. Et j’ai l’impression d’avoir besoin de la sensation de l’eau sur mon visage. Donc ce duo est parfait pour moi.
Et aussi j’adore le combo Sérum blancheur nuit et dentifrice régénérant fraicheur de The Smilist.
Enfin, je viens d’inclure la Magic Oil de Feel The Sun à ma routine corps, elle est parfaite.
Est-ce que tu retiens des tips beauté qui t’ont été transmis par tes proches durant ton enfance?
Non, rien… A l’époque on ne se protégeait même pas du soleil…
Si ce n’est de me tenir droite et de ne pas me ronger les ongles. Mais aujourd’hui je fais tout l’inverse ! [rires]. La transmission se faisait ailleurs… ma mère m’a transmis l’amour de faire la fête, de recevoir, de cuisiner pour les autres. J’aime de plus en plus cuisiner pour les autres. Greg cuisine aussi, et j’aime quand on cuisine ensemble. Il est fan d’Ottolenghi et de la cuisine israélienne.
C’est quoi ta meilleure découverte à Super Superbe?
La crème pour les mains Augustinus Bader. Je rêve de m’offrir la crème pour le corps.
J’apprécie beaucoup Aime Skincare, comme je le disais. Ripple, qui m’a aidé à arrêter de fumer. Et le Multi-Stick Ilia, que je porte en Blush.
Quelles sont les lectures qui te ressourcent, te réconfortent?
Toute lecture me réconforte mais s’il s’agit de se ressourcer je dirais avant tout les recueils de correspondances. Celle de Camus et Maria Casarès, c’est magnifique ! Une correspondance à la fois amoureuse, artistique et engagée. Celle de Van Gogh à son frère Théo, celle de Flaubert, de Ginsberg et Kerouack, de Bukowski… Ce qui me ressource là-dedans c’est la réflexion de l’écrivain sur son travail. J’aime aussi les récits sur le processus de création et la vie des artistes. Et puis un peu de poésie, plutôt contemporaine : notamment Thomas Vinau, « Juste après la Pluie ». J’aime énormément ce qu’il fait.
Est-ce que tu as un secret de beauté
Me baigner toute l’année.
Tes bonnes adresses?
A Annecy, je voudrais parler des librairies. On a la chance d’avoir plusieurs librairies indépendantes ! Je citerais particulièrement La Librairie Imaginaire que mon grand-père fréquentait, alors j’étais hyper fière de voir mon roman en vitrine. Antiope, qui m’a beaucoup soutenue. La Procure, avec un choix très pointu. Et la librairie Rue de Verneuil.
J’aime aussi le café Les Steppes dans le quartier des Teppes, sur la dalle, un endroit ouvert par Jacques Houssay qui est écrivain, et qui fait venir d’autres superbes écrivains. On y mange très très bien le midi. Et on y a fait des rencontres de dingues, avec de superbes auteurs. J’en anime une le 15 Juin avec Lydie Salvayre. Une immense autrice.
Et aussi, le Bistrot des Tilleuls pour ses concerts du vendredi…j’y vais parfois, tant que je ne risque pas de tomber nez à nez avec mon ado de fils…
A Paris, sans hésitation, une adresse formidable, Fulgurances, l’adresse. C’est Sophie, Hugo et Rebecca qui ont ouvert cet endroit. Ils avaient auparavant créé la revue Fulgurances, sur laquelle j’ai eu la chance de collaborer. Il sont passionnés, ils ont le sens du beau, le sens du bon, le sens des autres. Ils invitent des chefs pour des résidences de plusieurs mois.
Ils viennent d’ouvrir une autre adresse à New York.
Toujours à Paris Le Théâtre de la Colline (où l’on mange très bien aussi), La Maison de la Poésie.
Le Café Alto à Amsterdam, un club de jazz, qui nous a donné envie de monter un truc ici !
Ça manque tellement des endroits comme ça, depuis que le Matin Bleu a fermé… Avec des petits concerts live, une bonne ambiance.
Ma meilleure amie a monté un truc de dingue à côté de Tain l’Hermitage avec son mec, cuisinier, hyper talentueux, radical. Ça s’appelle La Poule Grasse, à Chantemerle les Blés, dans la Drôme. Elle est en train de monter sa chambre d’hôtes, à côté.
Les Nemours, le cinéma d’Annecy…
Le dernier film qui t’a marqué? Un réal que tu aimes..?
Je pense que les films préférés changent selon les époques de ta vie ! Ado j’ai vu et revu et re-re-revu Funny Games, Casino et The Rocky Horror Picture Show…. Ils m’ont marquée. Étudiante à Lyon, je passais un temps fou à aller voir des films à L’Institut Lumière, j’y ai découvert Dario Argento, Wim Wenders, Ferrara, Lars von trier (« Dogville » est fabuleux).
Je n’ai pas de réalisateur fétiche. Mais quand même… Michael Haneke, Quentin Tarantino, j’aime beaucoup aussi Xavier Dolan parce qu’il arrive toujours à mélanger un côté plutôt populaire avec un cinéma hyper exigeant. Je suis curieuse de découvrir le nouveau film de Thomas Cailley, actuellement à Cannes, j’avais adoré son premier « Les combattants ».
En vrac j’aime le cinéma de Jane Campion, de Valérie Donzelli, Céline Sciamma, Maïwenn (au-delà de la polémique….), Dolan donc…Et la liberté et l’humour de Quentin Dupieux m’épatent. A ce sujet, un artiste que j’aime beaucoup (annécien en plus), Charles Bosson (Aka Howard Hughes du groupe Coming Soon) sort un doc sur lui qui sera diffusé en juin sur Canal + .
Oh et dernière chose : à la maison, le film sur rétroprojecteur du samedi soir, en famille, peut vite tourner au pugilat car difficile de satisfaire tout le monde. Mais c’est un kiff de commencer à faire découvrir à mes garçons des classiques.
Est-ce que tu peux nous donner tes destinations bien-être favorites?
Marcher en montagne, partir 3-4 jours en autonomie avec Greg et des amis, faire du camping sauvage. Ça, c’est la félicité. Et la Méditerranée. Voir et sentir la Méditerranée. Et, chaque année, Greg et moi partons à Arles, pour les Rencontres. Cette année on retourne aux Cabanettes, un motel canon. Mais en fait, passer du temps avec mes amis me ressource, peu importe le lieu.
Quel est l’objet chez toi auquel tu tiens le plus?
De manière très rationnelle, mon ordinateur, parce que c’est toute ma vie ! Il y a dedans mon manuscrit et mon scénario en cours, les vidéos et les photos des enfants, ma prestation à la Maison de la Poésie avec Laura Cahen… Mais j’aime tous mes objets car tous sont investis d’une histoire, d’un symbole. Cette photo par exemple, que je me suis offerte quand j’ai quitté le Point. C’est une photo d’une artiste appelée Marie Sommer, prise à Berlin. On y voit Teufelsberg – la Colline du Diable. L’antenne au fond est une ancienne antenne de la NSA. David Lynch voulait la racheter pour y faire un centre de Yoga, mais... les Berlinois ont refusé. Bref, je tiens à tout !
Des projets ?
Je relance mes ateliers d’écriture créative "Engrenages & Fictions". Le principe, en bref : allumer l’étincelle de l’imaginaire, favoriser un espace-temps créatif. Ranimer l’échange. Je fais une proposition en début de séance pour impulser l’écriture puis les participants ont un temps pour écrire une petite histoire, un début, un court texte… à partir de la « consigne ». Ensuite, on lit les textes à voix haute et on échange sur la construction, le fond…J’en anime depuis 2016, en librairie, MJC, lycée…. C’est ouvert à tous, même ceux qui n’ont jamais écrit. L’idée c’est de créer, écrire, s’amuser. Et réfléchir, échanger sur la littérature et l’écriture romanesque . Pour cet été, je propose 3 cycles : du 26 au 30 juin, du 10 au 14 juillet et du 21 au 25 août, le matin de 9h30 à 12h30 au Woodstock Garden, avenue de Loverchy. C’est pour un public adulte et ado mélangés, à partir de 15 ans. Et sinon, à la rentrée j’en lance un pour les 14-19 ans, le mercredi.
Contactez Charlotte sur Instagram si vous êtes intéressés @charlotte_pons_
Découvrez également des livres de Charlotte Pons, Parmi Les Miens et Faire Corps à La Librairie Imaginaire, 4 bis Rue de la poste, 74000 ANNECY.
